Noël de loi martiale
Noël de loi martiale
Pour Wiktor Woroszylski et Andrzej Drawicz
Noël qui passait
trempait ces bannières.
Amis polonais
jetés dans les fers ;
zéros qui s’abattent,
qu’un bilan ravage.
- discipline, les maths ?
- moins que l’esclavage !
Nations apprennent
comme garnements ;
le tyran promène,
menotte, en bavant.
Sur chacun un signe,
un plus par moins passe,
la police aligne,
soustrait une classe.
D’un sourcil têtu
le sang coule à terre
sur neige venue.
Atterrés, les astres,
en révolution,
du globe et ses pores
scrutent les prisons,
cellules, et les morts.
Famine. Jours blêmes.
Procès éhontés
distribuant les peines
au peuple accablé
pas tant sous les tanks
ou les mitraillettes ;
plutôt par ces banques
où vont nos recettes.
Plus légère encore,
pensée tienne ou mienne,
sommeille la mort
au fond de la mine.
Plus lourd qu’un loyer
le poing qui s’apprête
- vois, photographié -
à courber les têtes.
Le discours est vain
mais mieux qu’une larme
sait atteindre au loin,
frontière en alarme,
les cœurs qui s’écœurent
d’amis polonais.
D’un procès vient l’heure,
Noël qui passait.
1981